7.12.07

Romance de la luna luna - Federico García Lorca


A Conchita García Lorca


La luna vino a la fragua
con su polisón de nardos.
El niño la mira, mira.
El niño la está mirando.

En el aire conmovido
mueve la luna sus brazos
y enseña, lúbrica y pura,
sus senos de duro estaño.

Huye luna, luna, luna.
Si vinieran los gitanos,
harían con tu corazón
collares y anillos blancos.

Niño, déjame que baile.
Cuando vengan los gitanos,
te encontrarán sobre el yunque
con los ojillos cerrados.

Huye luna, luna, luna,
que ya siento sus caballos.

Niño, déjame, no pises
mi blancor almidonado.

El jinete se acercaba
tocando el tambor del llano.
Dentro de la fragua el niño,
tiene los ojos cerrados.

Por el olivar venían,
bronce y sueño, los gitanos.
Las cabezas levantadas
y los ojos entornados.

Cómo canta la zumaya,
¡ay, cómo canta en el árbol!
Por el cielo va la luna
con un niño de la mano.

Dentro de la fragua lloran,
dando gritos, los gitanos.
El aire la vela, vela.
El aire la está velando.




6.12.07

ALLEGEANCE - René Char

M.-H. Vieira da Silva, Ville au bord de l'eau


Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus ; qui au juste l'aima ?

Il cherche son pareil dans le vœu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.

Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. À son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus ; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas ?




3.12.07

enfin ça brille ...

Ce retour du soleil est-il synonyme de meilleure humeur ? Pourquoi faut-il que mon caractère soit autant sous l'emprise du climat... Après cette fin de semaine pour le moins pluvieuse, voici un lundi souriant ; le soleil est radieux, les pavés nettoyés par les pluies diluviennes de cette nuit brillent sous le ciel bleu ! Irais-je jusqu'à dire que cela me rend heureux ? Le bonheur serait bien peut de chose s'il ne tenait qu'à quelques cubes granitiques rendus à leur couleur par la pluie...

Je cherche encore mon idée du bonheur et j'avoue même avoir beaucoup de mal à en trouver ne serait ce que la définition. Je me demande même parfois si je n'éprouve pas un certain plaisir à ces journées de morosité, de spleen intense... Où faut-il que j'aille en chercher l'origine ? Me creuser la tête ne sert à rien, depuis le temps j'aurais dû trouver...
Oui j'aime me sentir nostalgique, ressentir ces troubles, ces manques, ces sentiments de solitude infinie. Je dois m'en méfier je sais bien ; il est toujours dangereux de se laisser aller à de noires pensées et qui plus est à en jouir.

Aujourd'hui donc, c'est décidé ! Je laisse cette sinistrose de côté et je file à la mer plein de gaieté, de bonne humeur, d'envie de projets, d'envie de changer, d'envie d'avancer... Je dois combattre cette idée que je suis coincé, enchaîné, que le sort en est jetté et qu'aucune surprise ne viendra me cueillir. Il faut que je me bouge et cette idée ne doit pas me quitter, jamais... La raison a parlé, mais le coeur et l'esprit parlent parfois d'autres languages dans mon dos. Je dois les faire taire, les arrêter avant qu'eux ne me clouent au sol.

2.12.07

V.




Il est bien plus difficile d’être aimé pour ce qu’on est qu’aimer l’Autre pour ce qu’il est, définitivement.


Vaurien apeuré, chasseur de serpents dans tes yeux hypnotisés,

Incessant voyageur fasciné par les fuites du bonheur,

Chasseur impénitent d’un safari imaginaire...,

Tu m’inspires par la chaleur de ton corps,

Odorante et tenace que toujours j’aurais aimé

Respirer, et, près de toi retrouver calme et sérénité.



passion - pression - poison


Cloaque sous pression : la vapeur fuse.

Après chaque heure passée à respirer, à te transpirer,

Les jets de terreur évacuent avec eux le poison qui s’écoule.


Vidé de l’air vicié, mon cœur de tendresse à plein regonflé,

Se hisse, décolle ; enfin retrouve

La légèreté.


Alors, les sentiments bafoués sitôt libérés,

Voilà qu’à présent je la reconnais,

L’amour vraie.



voir plus loin

Vivre de très loin pour se perdre

*

Lancer le caillou au plus haut

Sur le sentier vert, maculé

Par la pourriture vivante de l’été.


Qui doit l’attraper le saura,

Appréciera l’instant neuf

D’une présence nécessaire.


Qu’au jour-printemps, la sève montante

Creuse dans les plis de nos vies

Les myriades de sillons croisés

Témoins filaires de nos pensées.

*

Vivre de très loin : t'oublier.




Désert

Tu n’en veux pas, hein ?

Tu n’en veux plus…

_____


Les sables avancent, impassibles,

Poussés par un vent d’ineptie,

En assassinant un à un

Les bouleaux frêles à peine nés,

Qui nous réunissaient, croyais-je !


La chaude pluie qui régénère,

Tarie, ne tombe plus sur nous,

Sur notre aride destinée,

Mon cœur comme une peau craquelée,

Sans ton absente présence.

_____


Tu n’en veux pas, hein ?

Tu n’en veux plus…



Homme-Lune


Délicate agression libératrice !

Par le pic d’une aube entrebaîllée

Tu m’ouvres la voie aux premiers rayons.


Homme-Lune, des langues blanches de tes quartiers

Tu arroses la lueur de mes désirs premiers.

A la pâle silhouette de ta pleine face,

Laiteuse ; satellite rageur je m’accroche

A ton orbite réprobateur.


Répulsive attraction de ton parfum cristallin

Obsédant Homme-Jasmin : à ton clair de lune

Tu m’enivres.




Temps élasthanne




Te souviens-tu ce premier café

Envie réciproque mal assurée ?

Te souviens-tu cette complicité

A peine deux heures vite écoulées ?


Temps si court qui dure éternité…


Nus te souviens-tu sur cette plage

Toi moi - deux - donnés au plaisir ?

Te souviens-tu ce troisième palier

Envie corps à corps ; frénésie ?


Temps si court qui dure éternité…


Te souviens-tu des routes parcourues

De tous ces kilomètres partagés ?

Te souviens-tu les légumes coupés

Le plaisir des repas préparés ?


Temps si court qui dure éternité…


Te souviens-tu les nuits chez ta sœur

Plaisirs furtifs sauvette répétée

Te souviens-tu des joncs du marais

Des épines de chardons sous nos pieds ?


Temps si court qui dure éternité…


Te souviens-tu cette excitation

D’avoir jouis mon corps à peine frôlé ?

Te souviens-tu nos corps emmêlés

Bouche contre bouche le souffle coupé ?


E = MC² - Comment temps si court peut-il dure l'éternité ?




voeu pieu

Le train entre en gare,

Le feu passe au rouge puis au vert.


Lâchons-nous la main ! Et chacun, confiant,

De-ci delà ; toi ici, moi là, continuons le chemin.

Asséchons nos yeux de ces larmes,

Dépassons ces hauts cols givrés où nos pas se dérobent,

Pour enfin, les yeux dans le ciel,

Dans l’aveuglante lumière du jour nouveau,

Pouvoir aimer l’ovale si doux du visage inconnu,

Le chant de l’oiseau, nos rires mêmes…


Comme une relique dans mon cœur enchâssée,

Ta voix, ton odeur gardées comme secrets ;

Qu’année après année, à mon oreille, à mon nez,

J’aimerai ressusciter,

Pour ne jamais t’oublier,

Ne jamais regretter de t’avoir tant aimé ;


Et enfin comme un ami te retrouver.



Métastases


Comme une graine semée par le vent – hasard prédestiné –

Au cœur de mes tripes tu l’as plantée.

Bonheur pleinement éclos, ta poix à mes cellules

S’accroche.


Adhérences obsédantes, cancer joyeux,

En laboureur besogneux, du fil du bistouri tu veux l’arracher :

Ablations amoureuses, opérations du bonheur ;

Forcené de l’oubli, obsédé du sentiment,

De ma cervelle convulsée pour toujours t’extraire.


Fleur métastatique, chiendent exubérant.

Partout tu es là.




NON - SENS

Stop !

Tu dévies la rivière…

Je soulève la montagne…


Nord / Sud / Est / Ouest


Qui par ici ; qui par là ?

La route est vierge alors,

Qu’importe les chemins ;

Direction ? A quoi bon choisir, marchons…

Le vent lui même ne connaît cette chanson.


Il n’y a qu’à avancer, à se laisser porter,

Et pourquoi pas,

Qui sait ?


Nord / Sud / Est / Ouest


Les boussoles affolées, mille fois réparées

Oublierons leurs pôles et sauront,

Une fois les temps annulés,

Vers toi, vers moi, nous diriger.



3.1.07

Nouveau ! ici et là

Et bien nous y voilà ! Nous bloggons donc en toute liberté. Voilà de quoi doubler mon psy alors ? Mais arriverai-je à me raconter...?
Je vais donc pouvoir jeter toute ces feuilles de papier que je gardais on ne sait pour qui et construire ici un contenu égoïste dédié tout entier à ma petite personne ! Drôle d'impression ça fait...

J'ai tant de choses à raconter, à confier que pèle mêle il est bien difficile de commencer... Mes goûts, mes couleurs ? Sans hésitation le gris-bleu-vert-pétrole. Celui du ciel par les soirs d'hiver, au couchant sur la mer, dans tes yeux ... surtout.